À l’occasion de mon récent voyage au Canada, j’ai eu la chance de visiter l’exposition consacrée à Helen McNicoll au Musée National des Beaux-Arts du Québec. J’ai déjà parlé de cette exposition après en avoir reçu le communiqué de presse en mai dernier. Mais la vue réelle de ces dizaines d’œuvres rassemblées et soigneusement mises en espace a été une véritable claque esthétique. Chaque toile, ou presque, dirige vers des influences et des parti-pris si variés que la carrière de cette peintre morte à 36 ans la positionne comme une figure incontournable du paysage artistique occidental.
Je vous invite à découvrir quelques unes des toiles les plus emblématiques d’Helen McNicoll, en les confrontant à des œuvres de peintres contemporains de la jeune femme.
Sur la plage…
Dans ce tableau de 1912, Helen McNicoll développe des touches de couleur ensoleillées, à l’image de Sorolla à 6 ans de distance. Les coups de pinceau de la jeune femme rendent avec maîtrise la lumière du soleil sur les vêtements blancs de ses personnages.
MacNicoll et les enfants…
En saisissant ces petites filles qui jouent au milieu des poules, Helen McNicoll rend avec talent la vibration du soleil sur la paille, reprise par les cheveux dorés des demoiselles. Une approche très différente de celle de Mary Cassatt, qui peint vingt-quatre ans plus tôt deux fillettes sur une plage, au ciel bleu laiteux, aux nuances beaucoup plus atténuées. Point commun aux deux toiles, on voit le visage d’une des fillettes, pas celui de l’autre…
Lumière et vibrations…
Nous sommes en 1910, la peinture d’Helen McNicoll traduit de plus en plus sa perception d’une lumière vibrante avec un rendu délibéré des couleurs qui joue sur les empâtements et la décomposition chromatique. La profondeur de champ est suggérée par un flou d’arrière plan lointain qui n’est pas sans rappeler les toiles de l’artiste belge Willy Schlobach, peintes à la même époque.
Où est le ciel ?
Certaines compositions d’Helen McNicoll se concentrent tellement sur le sujet que le ciel est quasiment absent de la toile. Ainsi, ce bateau et les reflets de l’eau à Venise, qui évoque les tableaux de Berthe Morisot durant ses séjours niçois.
McNicoll et Henri…
La jeune femme sur le sofa pourrait être l’amie d’Helen Dorothea Sharp, dans l’atelier que les deux artistes partageaient à Londres. Le meuble est richement décoré de fleurs, à l’image du sofa d’Henri Matisse peint 9 ans plus tard. Contrairement au tableau de ce dernier, dont la fenêtre ouvre largement sur la Méditerranée, les voilages devant la baie masquent l’extérieur.
McNicoll, Monet et les meules…
Scène extérieure montrant certainement des glaneuses s’activant après la moisson, ce tableau mêle sous un franc soleil, personnages et paysage. Les deux meules en diagonale et les trois plans avec un intermédiaire boisé, font penser à la toile de Claude Monet peinte vingt ans plus tôt, sans représentation humaine.