Marie Bashkirtseff a peint « Un meeting » en 1883-1884, une œuvre exposée au Salon des artistes français de 1884. Cette huile sur toile de grandes dimensions (195 cm x 177 cm) est aujourd’hui conservée au musée d’Orsay à Paris.
« Un meeting » représente six jeunes garçons issus des classes populaires, vêtus de blouses d’écoliers, formant un cercle autour d’un objet non identifié. La scène se déroule dans un cadre urbain, devant une palissade en bois couverte de graffitis et d’affiches déchirées. Une petite fille s’éloigne à droite de la composition
L’œuvre s’inscrit dans le contexte des années 1880, marquées par l’instauration des lois Ferry sur l’enseignement laïc, gratuit et obligatoire, le développement du mouvement ouvrier et syndical et les débats sur les droits d’association et de réunion. Marie Bashkirtseff adopte, dans « Un meeting », une approche naturaliste, inspirée par Jules Bastien-Lepage. Elle porte une attention méticuleuse aux détails et aux expressions des personnages en transposant les thèmes ruraux de Bastien-Lepage dans un contexte urbain.
Le titre « Un meeting » et l’exclusion de la figure féminine pourraient être interprétés comme une critique de la société misogyne de l’époque.
On peut rapprocher ce tableau des œuvres de Fernand Pelez (1848-1913), qui traitait également de sujets urbains dans un style naturaliste. Malgré un accueil positif du public et de la critique, Marie Bashkirtseff fut déçue de ne pas recevoir de médaille pour cette œuvre. L’artiste a exprimé sa frustration dans son célèbre journal: « je suis dans l’indignation […]. Car enfin on a récompensé des choses relativement mauvaises ». Obsédée par son désir de ne pas être oubliée et d’être reconnue comme une grande artiste, la jeune femme mourra la même année de la tuberculose, au seuil de ses 26 ans.