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Fernand Léger, peintre de la couleur

Les musées nationaux du XX° siècle des Alpes-Maritimes organisent du 15 mars au 30 novembre 2025 une exposition consacrée à la passion de Fernand Léger pour la couleur. Elle a pour écrin le musée national Fernand Léger à Biot.

Fernand Léger. Projet pour une peinture murale. 1952
Projet pour une peinture murale , 1952, huile sur toile. Biot, musée national Fernand Léger Photo : © Grand Palais Rmn /Gérard Blot © Adagp, Paris, 2025

La couleur et l’expression

Depuis les prémices de la peinture occidentale, la couleur a constitué un élément fondamental de l’expression artistique, oscillant entre matérialité et immatérialité, surface et lumière. Chez Fernand Léger (1881-1955), elle devient non seulement un vecteur esthétique mais aussi un principe structurant de sa démarche plastique. À travers une approche systématique et expérimentale, Léger explore la couleur sous ses multiples déclinaisons, que ce soit dans le dessin, la céramique, le vitrail, le décor théâtral ou l’ornementation architecturale. Son intérêt pour la couleur dépasse la simple recherche formelle : il la conçoit comme un élément vivant, agissant sur la perception et influençant directement le rapport du spectateur à l’œuvre.

Impressionnisme et cubisme

Si ses premières œuvres témoignent de l’influence de l’impressionnisme, notamment par l’utilisation de touches vibrantes et une certaine fluidité des formes, Léger s’inscrit rapidement dans le courant cubiste dès les années 1910. Il se démarque cependant de Georges Braque et Pablo Picasso en refusant leur tendance au monochrome et en revendiquant l’usage de la couleur pure. Son affinité avec Robert Delaunay le conduit à développer une réflexion approfondie sur la polychromie et l’autonomie des formes, en opposition à la peinture illusionniste traditionnelle. Il affirme ainsi : « Avant nous, le vert, c’était un arbre ; le bleu, c’était le ciel, etc. Après nous, la couleur est devenue un objet en soi. » Cette déclaration témoigne de son ambition de faire de la couleur un langage autonome, indépendant de toute représentation naturaliste.

Fernand Léger. Formes dans l'espace 1950.
Formes.dans.l »espace 1950 , huile sur toile, Biot, musée national Fernand Léger
Photo ©Grand Palais Rmn/Gérard Blot ©ADAGP, Paris , 2025.

Une nécessité existentielle

Pour Léger, la couleur ne se limite pas à une fonction picturale, elle constitue une nécessité existentielle et sensorielle. Il puise son inspiration dans l’environnement urbain et industriel, où il perçoit une dynamique chromatique en perpétuelle mutation. L’agitation des villes modernes, les enseignes publicitaires, les affiches et l’architecture contemporaine nourrissent son imaginaire et influencent sa palette. « Mon besoin de couleurs s’est trouvé tout de suite appuyé par la rue, par la ville. C’était en moi, ce besoin de couleurs. […] J’ai séjourné dans la grisaille le moins possible », confie-t-il. Cette fascination pour la couleur dans l’espace urbain le conduit à expérimenter des compositions où les contrastes éclatent, où chaque teinte revendique une présence propre, sans être soumise à une hiérarchie illusionniste.

La couleur: facteur d’émancipation

Dès les années 1930, son engagement pour un art public et monumental se précise. Concevant la couleur comme un facteur d’émancipation collective, il l’intègre à des projets architecturaux et décoratifs afin de transformer l’espace quotidien. Ses collaborations avec des architectes, tels que Le Corbusier et Charlotte Perriand, témoignent de son désir d’inscrire la couleur dans un cadre fonctionnel et social. Loin d’une approche strictement théorique, il vise une expérience visuelle immédiate et accessible, cherchant à insuffler une dimension optimiste et énergisante à la modernité.

Fernand Léger. Le Cœur et la couronne d"épines vers 1950
Le Cœur et la couronne d »épines vers 1950 Maquette pour vitrail de l’église d’Audincour
Biot, musée national Fernand Léger Photo © Grand Palais Rmn / Gérard Blot. (C) ADAGP, Paris, 2025

Léger développe alors une vision où l’art doit dialoguer avec l’espace de vie, où la couleur devient un outil de transformation du cadre bâti, une manière d’élever le quotidien vers une dimension esthétique et poétique.

Fernand Léger: pionnier de l’art contemporain

En définitive, Fernand Léger a redéfini le rôle de la couleur dans l’art du XXe siècle, en la libérant de sa fonction mimétique pour en faire une entité autonome. Son influence s’étend au-delà du champ pictural, touchant aussi bien le design, l’urbanisme que les arts appliqués, confirmant ainsi son statut de pionnier d’une esthétique où la couleur devient un langage en soi. Son héritage continue d’inspirer de nombreux créateurs contemporains qui, à leur tour, explorent la couleur comme un moyen d’interaction avec l’espace et le spectateur. En cela, Léger reste une figure incontournable dans l’histoire de l’art moderne, un artiste dont la vision chromatique résonne encore aujourd’hui dans les pratiques artistiques et architecturales contemporaines.


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