Alors qu’est commémoré le 130ème anniversaire de la mort de l’artiste, le Musée d’Orsay présente du 8 octobre 2024 au 19 janvier 2025 une exposition exceptionnelle consacrée à Gustave Caillebotte (1848-1894). Elle a pour thème la prédilection de l’artiste pour les figures et les portraits d’hommes, et ambitionne d’interroger la modernité si radicale de ses chefs-d’œuvre au prisme du nouveau regard que l’histoire de l’art porte sur les masculinités du XIXe siècle.
Une exposition riche et complète…
Bâtie autour de Jeune homme à sa fenêtre et Partie de bateau, ainsi que du chef-d’œuvre Rue de Paris ; temps de pluie, prêté par l’Art Institute of Chicago, l’exposition compte environ 144 œuvres. Elle réunit les plus importants tableaux de figures de Caillebotte mais aussi plusieurs pastels méconnus, et un important ensemble d’études peintes et de dessins préparatoires pour ses compositions les plus célèbres, comme Raboteurs de parquets ou Le Pont de l’Europe (Genève, musée du Petit Palais). Des photographies, prises notamment par le frère de l’artiste, Martial, et des documents d’archives parfois inédits mettent en contexte les œuvres et donnent corps à la vie et à la personnalité de Caillebotte.
Des cadrages audacieux…
Fidèle au programme du « réalisme », Caillebotte n’observe et ne peint que ses contemporains les plus immédiatement proches de lui : ses frères, ses amis, les passants dans les rue de Paris au bas de chez lui, des ouvriers ou domestiques travaillant pour sa famille, les hommes avec qui il canote sur l’Yerres où navigue sur la Seine. L’audace de son art, avec ses cadrages immersifs et « photographiques » inédits et son goût des puissants contrastes de lumière et de couleurs, réside aussi dans la façon dont il a fait entrer de nouvelles figures dans l’histoire de la peinture, comme celles de l’ouvrier urbain, du sportif ou encore de l’homme nu à sa toilette.
Un univers intime
Le contexte politique d’affirmation de la IIIe République et de ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité au cours des années 1870-1880 constitue également un terrain particulièrement propice à l’expression du goût de Caillebotte pour les sociabilités masculines et les entreprises collectives (le groupe impressionniste, le Cercle de la voile de Paris) lui permettant de minimiser la différence de classe qui le sépare parfois de ses amis. Proche en cela de Berthe Morisot ou Mary Cassatt, Caillebotte est un des rares artistes hommes de sa génération à s’intéresser autant à l’intimité et à l’univers domestique, sphère féminine par excellence au XIXe siècle.
À la fois chronologique et thématique, l’exposition retrace la carrière de Caillebotte et explore en 10 salles ses grands sujets de prédilection dans le domaine de la peinture de figure : l’intimité familiale et ses frères, les travailleurs urbains, l’espace public avec ses passants, les hommes au balcon, en intérieur ou nus à leur toilette, les sportsmen et le canotage, ou encore les portraits de ses amis parisiens ou ses voisins du Petit Gennevilliers.
Caillebotte – Peindre les hommes
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing
75007 Paris