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Adolph Menzel et le train…

Cette œuvre saisissante, peinte par Adolph Menzel en 1847, capture l’arrivée du progrès industriel sous la forme d’une locomotive à vapeur avançant à travers la campagne prussienne. Ce tableau se distingue par son atmosphère à la fois mélancolique et moderniste. Il marque également l’une des premières apparitions du train dans la peinture européenne.

Adolph Menzel. Le train Berlin-Potsdam. 1847. Berlin Alte Nationalgalerie

Adolph Menzel (1815–1905) est l’un des peintres les plus influents de l’Allemagne du XIXe siècle. Réaliste minutieux et chroniqueur de la Prusse moderne, Menzel fut aussi un observateur attentif des bouleversements sociaux et techniques de son temps.

Dans les années 1840, la révolution industrielle bat son plein. La ligne Berlin-Potsdam, inaugurée en 1838, est la toute première ligne de chemin de fer en Prusse. Menzel ne se contente pas de représenter une scène pittoresque : il capte un moment charnière où l’ancien monde rural cède le pas au tumulte industriel.

La composition s’organise selon une courbe dynamique : le train se dirige vers le coin inférieur gauche, traçant sa fumée blanche sur un paysage encore pastoral. Au fond, les dômes de Berlin, baignant dans une lumière dorée.

J.M.William Turner. Rain, Steam and Speed. 1844. London The National Gallery

Trois ans auparavant, William Turner capturait la rapidité sauvage d’un train sous la pluie. La locomotive fend l’averse, la vapeur, et le paysage fluvial dans un élan presque mythique. L’œuvre est dynamique, vertigineuse, presque hallucinée. Elle glorifie l’énergie de la modernité — mais non sans ambivalence : un petit bateau traditionnel lutte à peine visible sous le viaduc, comme un vestige menacé.

Menzel, quant à lui, adopte une approche plus introspective. Il ne dramatise pas, Il observe l’infusion inéluctable de la modernité dans le paysage, infiltration silencieuse qui crée la tension. Là où Turner célèbre l’audace du futur, Menzel questionne ses conséquences humaines et paysagères.

Tous deux posent cette question essentielle, encore actuelle : que sacrifions-nous au nom du progrès ?

Alte Nationalgalerie – Berlin


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